Photos : ©Nicolas Le Scour/alterphoto.com.Le forum social libertaire a débuté par l'arrestation de trois personnes suite à la tentative de s'installer dans un bâtiment muré se trouvant en face des locaux accueillant le forum. Deux cents personnes se sont rassemblées devant l'accès dégagé par les squatters alors gardé par la police. Les trois militants ont été emmenés au commissariat de police. Une cinquantaine de personnes se sont rendues sur place pour protester contre l'arrestation. Les trois squatters ont été rapidement libérés. Un premier atelier de travail pratique pour le forum social libertaire!

Beaucoup de circulation entre les différents débats:

Médias sans pub, sans dieu, sans maître, les expériences alternatives.

Plusieurs médias alternatifs présentent leurs expériences. Samizdat (des journaux clandestins pendant la période stalinienne) est un collectif d'information et de communication créé en 1995.Tout a débuté par la création de mailing lists, d'abord appelées "conflits" puis "infozone" puis un site web est né, caisse de résonance pour les luttes. Ils offrent également des hébergements pour les sites web et des appuis techniques. Pour eux, le web est un média peu onéreux, où l'on peut se procurer des logiciels libres, et de plus en plus fréquenté.

Indymédia s'est créé en 1999 à la suite du Contre-sommet de Seattle. C'est un réseau de 123 sites au niveau mondial. A chaque fois, un collectif est créé. C'est le cas à Paris, Lille, Nice, Nantes et d'autres doivent se créer à Lyon, Toulouse... Le grand principe, et celui qui fait débat, en est l'open publishing. Dans l'idée de casser les hièrarchies habituelles, chacun peut mettre directement son texte en ligne sur le site. Ce qui n'est pas sans poser des problèmes: Indymédia Paris est depuis quelques semaines la cible de militants d'extrême droite qui viennent y déposer une littérature nauséabonde. Une bonne partie du débat a d'ailleurs porté sur cette question. Chaque collectif Indymédia rédige une charte (antisexisme, antirasciste, antifasciste, anticapitaliste et antiautoritaire) mais ils rencontrent beaucoup de difficultés à la faire appliquer dans le concret.

CQFD est un journal réalisé par un collectif de Marseille, constitué de chômeurs, cheminot, postier, journalistes etc. Ce mensuel qui en est à son 6ème numéro est l'héritier du RIRE (Réseau d'Information Réfractaire). Après un fonctionnement par les abonnements, CQFD paraît depuis le numéro cinq dans les kiosques.

Radio Libertaire existe officiellement depuis 1981, présente 80 émissions, composée uniquement par des bénévoles. La radio refuse d'employer des salariés, après un essai infructueux de quelques années. Un nouveau local vient d'être acheté ainsi qu'un studio itinérant.

Pour un antipatriarcat révolutionnaire.

Lors de l'introduction  au débat ( qui mériterait d'être reproduite intégralement, ce que nous nous efforceront de faire ultérierement ) Vanina de l'OCL ( Organisation communiste libertaire ) a déploré que sur la question du viol il n'y ai plus de discussion sur le choix possible du recours à l'action directe contre les violeurs, plutôt qu'à la justice. Cette affirmation a suscité un vif débat dans la salle, certaines personnes privilégiant le recours à la loi comme étant un acquis des femmes et d'autres pensant que des actions des groupes de femmes contre les violeurs étaient souhaitables.Puis le débat a porté sur la question du genre, sur le partage des tâches ménagères entre hommes et femmes, la discussion restant assez théorique hormis l'intervention d'une militante queer d'Espagne venue expliquer comment dans leur groupe ils tentaient de subvertir les genres concrêtement à partir d'une réflexion commune.Quelqu'un dans la salle contesta le caractère trop figé des analyses faites jusqu'ici, expliquant que le patriarcat n'était pas seulement reproduit par les hommes mais aussi par les femmes, une discussion s'engagea sur le fait qu'il y ai ou non des femmes "machistes".

A la fin du débat, des militantes féministes ont annoncé la création d'un collectif libertaire non mixte de femmes ce qui est une action tout à fait légitime, on se demande d'ailleurs pourquoi elle n'a pas eu lieu plus tôt.

Des militants de la commission antipatriarcale de la Fédération anarchistes ont distribué un exemplaire d'un quatre page spécial antipatriarcal du Monde libertaire

Espace autonome et changement social

Escanda (espace collectif pour l'autogestion, le divesité et l'autonomie) est un espace autonome du Nord Ouest de l'Espagne, dans les Asturies, relativement nouveau puisqu'il s'est créé en février 2003. L'idée est de créer un espace permanent de résistance. Quinze personnes y vivent en permanence dans deux maisons, entourés de deux hectares de terres pour la culture et d'un jardin pour les nourrir. Ils travaillent avec les écoles environnantes, réalisant des ateliers sur la mondialisation, le genre etc.

Can Masdeu est un espace rurbain à côté de Barcelone. Cette ancienne léproserie, vide depuis 53 ans est squattée depuis deux ans. Un grand terrain sert de potager, cultivé avec plus de 70 personnes venant de Barcelone. Là aussi, des activités sont organisées avec des écoles sur le thème de l'environnement, la manière de vivre avec la nature et de gérer ses déchets. 25 personnes y vivent actuellement, agissant également avec les syndicats et mouvements locaux. L'idée est d'atteindre une antonomie de vie, actuellement réalisée pour l'eau et l'électricité ainsi qu'une autonomie de pensée...

Coordinamento anarchici e libertari calabresi est installé en deux endroits urbains en Italie, travaille beaucoup avec la FA italienne. Un journal "Comunarda" est distribué, surtout en Sicile et en Calabre. En ville, ils prennent part aux activités d'agitation sociale (contre la guerre, la répression...), en milieu rural, ils se sont organisés avec 200 paysans et mettent en place des contre-pouvoirs face aux institutions.

Le SEL, Système d'Echange Local est un système autogéré qui permet l'échange de biens, souvent de la nourriture, et de services (covoiturage, apprentissage d'une langue, travaux collectifs etc.) Il n'existe pas de représentants permanents mais des coordinateurs et un trésorier qui n'en est pas un. Pas d'argent mais des unités. Une unité équivaut à une minute de travail. En France, il existe 260 systèmes SEL. En Bretagne, une fédération de SEL s'est créée. Les échanges se font une fois par mois à l'occasion de Bourses Locales d'Echange et peuvent aussi se faire de SEL à SEL. Les SEL atteignent des gens très différents dans la population et font redécouvrir les pratiques collectives.

L'Espace autogéré des Tanneries à Dijon s'est créé il y a cinq ans. Depuis, de nombreuses luttes avec la police et la mairie pour éviter l'expulsion. Avec le soutien d'autres squats et locaux, une base de négociation s'est formée avec la mairie. Face aux nombreux débats dans les squats sur la légalisation, les Tanneries ont essayé de tenir au maximum sans signer de contrat avec la mairie. Depuis un an, un contrat de mise aux normes de la partie publique a été conclu avec la municipalité en échange d'une garantie de non expulsion. Dix personnes vivent actuellement dans cette zone "industrio-rurale" où l'on trouve un jardin potager collectif, un espace public (cinéma, théâtre etc.), un free shop, un info shop, une pharmacie anticapitaliste avec des plantes, des endroits pour faire de la mécanique, des aides pratiques et juridiques pour ouvrir des squatts en France etc.

D'autres personnes sont intervenues pour parler de squat cafés à Manchester, de Longo Maï, d'une zone squattée Siberia à Helsinki...

Un site web existe qui essaye d'enregistrer et de créer des liens entre tous ces espaces autonomes, pour aider les personnes et les groupes qui voudraient en créer. On y trouve des informations très variées, de la façon d'organiser un contre forum, d'installer internet sans fil jusqu'à comment traire une chèvre!

Céline et Libertad